Archives pour la catégorie cybercar

Voiture autonome, carte et Twitter

Libération a publié un article classique sur les voitures autonomes en interrogeant notamment certains constructeurs dont PSA. Quelques extraits : Vincent Abadie, responsable des aides à la conduite chez PSA, annonce pour 2017 « l’introduction dans les gammes Peugeot et Citroën de nouvelles fonctionnalités favorisant l’aide à la conduite et, à l’horizon 2020, l’émergence de voitures fortement automatisées. Quant au véhicule autonome, poursuit-il, ce sera plutôt aux alentours de 2025».

La seconde citation est plus intéressante : «La Google Car est équipé d’un Lidar sophistiqué mais onéreux, ce qui éloigne ce véhicule du monde de l’automobile», constate cependant Frédéric Mathis. Même réserve chez PSA où Vincent Abadie note que le prix des équipements embarqués à bord de la Google Car a été estimé à près de 500 000 euros. «Difficile donc d’industrialiser ce type de modèle en grande série,explique-t-il, d’autant que la voiture autonome de Google ne fonctionne que par apprentissage : elle ne peut circuler que sur un itinéraire déjà cartographié. Et on ne peut pas cartographier toute la planète.»

Cette dernière phrase indique plusieurs choses : Google a choisi une voie qui a peu de chance d'aboutir, la cartographie est l'élément clé et il n'est pas généralisable. Mais en est-on sûr ? Un petit tweet :

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Nous échouerons probablement à faire muter notre système de mobilité

 

Tant de promesses annoncées, tant de
ruptures attendues (lire l'article sur les ruptures par Mc Kinsey), tant de changements étudiés et planifiés,
pourtant ne restent que congestions, temps perdus, pollutions et
gigantesques consommations de matières et d'énergies. Rien ne
montre aujourd'hui que nous (écosystème) avons compris les enjeux,
les menaces, et l'intégralité du système qu'il faut traiter, avons
perçu l'obligation de se former pour piloter les mutations. Nous
sommes figés dans un système de mobilité vieux d'un siècle conçu
pour aménager des territoires « vides » avec des
ressources illimitées, pas pour maximiser l'usage de ces dernières
et offrir de nouvelles expériences de mobilité, de rencontres, ou
de travail (lire l'article sur le paradoxe simplification pour l'utilisateur, complexification pour l'opérateur).

Mais plus que tout, nous sommes incapables de partager une, ou plusieurs, vision du futur crédible et souhaitable. La vision d'un constructeur, n'est pas celle d'une autorité organisatrice ou d'un opérateur de transport en commun, il n'y a pas de processus pour construire des visions collectives. Comme l'indique Jean-pierre Dupuy (lire l'article sur le catastrophisme éclairé), cette incapacité a pour conséquence de ne pas engager une dynamique créatrice permettant de faire réaliser ce futur, aujourd'hui virtuel. Selon la théorie du "catastrophisme éclairé", il faut être sûr d'aller à la catastrophe pour pouvoir l'éviter. Pour le moment, tout indique que le "Bootstrap" n'aura pas lieu. 

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Google Mobility : In the race to get you around cities with a smartphone and a credit-card

La voiture autonome, ce n'est pas pour demain. Trop compliqué, trop cher. Trop de problème juridique à régler. Et puis pourquoi faire ? L'automobile est déjà, en soi, un objet complexe, pourquoi vouloir augmenter encore le niveau de complexité (lire Qui est prêt pour augmenter le niveau de complexité ?) ? Pour quels bénéfices et surtout, pour qui ? Automatisée, oui, Autonome, non. Tel pourrait être le résumé de la bataille qui s'engage dès aujourd'hui. Un scénario fiction avait été rédigé en juillet 2011. Appelé Google Mobility Service, il est en train de se réaliser, dès aujourd'hui.

Pour Daimler, le lancement de sa classe S montre clairement la voie. L'automatisation du véhicule n'est pas une option. C'est un impératif compétitif. La classe S possède de nombreuses fonctions d'automatisation (lire Et si c'était déjà cybercar ?). Ces technologies vont progressivement équiper de plus en plus de véhicules par un mécanisme classique de réduction des coûts par des effets sur les volumes. Comme nous l'avons vu, ces techniques d'assistance vont participer à la création d'une nouvelle perception de l'automobile et du territoire (lire MétaNote 17 la révolution numérique et la fin de l'automobile). Progressivement, l'automatisation sera acceptée puis recherchée. Ne pas l'avoir sera impensable. Mais le passage de l'automatisation à la robotisation est bien un saut discret au sens mathématique. Pour le moment, aucun constructeur n'a d'intérêt à robotiser un véhicule. Le conducteur doit rester, pour garder la propriété de l'objet.

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Prochaine Mercedes Classe S – Et si c’était déjà un cybercar ?

La prochaine Classe S intègre tous les éléments pour en faire un véhicule autonome. L'expérience vécue par le conducteur sera déjà profondement modifiée. Cette première étape rassemble les premières briques technologiques des prochains cybercars, et surtout, elle amènera tous les acteurs à prendre conscience de la mutation en cours : consommateurs (même ceux qui ne la conduieront pas), collectivités, élus, industriels… Cette vidéo ne dure que 40 sec. Elle est extraite de la présentation officielle de Daimler Mercedes. A noter que Volvo vient également d'annoncer à l'horizon 2020, la production des technologies autonomes : évitement des piétons et d'animaux, parking automatique, vitesse auto-adaptée à l'environnement, contrôle dynamique transversal…

 

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AMI – Véhicule routier du futur : technologies, systèmes et mobilité

L'ADEME lance un nouvel appel à manifestation d’intérêt (AMI) portant sur la partie véhicules routiers (véhicule et mobilité) du programme « Véhicule du futur » des Investissements d’avenir. Il s’inscrit notamment dans le cadre du plan automobile annoncé par le gouvernement le 25 juillet 2012 et fait suite aux 9 appels à manifestions d’intérêt thématiques émis par l’ADEME en 2011 et 2012, qui ont permis de soutenir une quarantaine de projets. 

Cet AMI doit notamment permettre l’émergence de projets fédérateurs industriels participant à l’atteinte de l’objectif de mettre sur le marché d’ici 2020 des voitures particulières consommant moins de 2 litres de carburant aux 100 km, d’un prix abordable, développés et assemblés sur le territoire national. 

Le champ thématique de l’AMI correspond aux véhicules routiers et systèmes de mobilité permettant le transport de personnes et/ou de marchandises. Les travaux pourront porter sur des applicatifs variés, allant du 2-roues motorisé au véhicule lourd.

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En supprimant quasiment la matière pour ne garder que les flux et les renverser, les Glass avaient tout changé et l’Alliance était née

Ce texte (comme deux précédents : Amazon Energy Service et Google Mobility Service) est une pure fiction. Il ne vise qu'à faciliter la projection pour mieux agir, aujourd'hui.

Bienvenue en 2033.

La précédente génération de capteur ne produisait que des données de géolocalisation espace -temps couplées à des mesures d'ambiance très simples, essentiellement des densités de personnes. L'Alliance avait alors notamment développé des services de prédiction de trafic sur la plupart des routes et des solutions "business oriented" remplaçant les enquêtes ménages déplacement. En supprimant la matière (clavier, souris, puis écran), l'interaction homme-machine et l'indexation du monde réel avaient franchi un cap à partir des années 2015 quand les Glass avaient commencé à se diffuser à grande échelle.

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De Jacques Ellul à Ray Kurzweil, les techniques visant à rendre les machines autonomes vont se diffuser

L'automatisation des machines dont les automobiles n'est pas un sujet nouveau. Il s'inscrit dans une tendance de fond des Techniques, au sens large. Les opportunités ont déjà été identifiées dans plusieurs articles. Les risques issus de l'intelligence des machines sont tout aussi essentiels à connaître.

Dans une œuvre Le système technicien, Jacques ELLUL décrivait en 1977 les principales tendances majeures de notre société en plaçant la Technique au centre, en étudiant le système des relations entre les techniques. Pour J.ELLUL, la Technique  était en train de devenir un système autonome vis-à-vis de l’homme ; nous devenons obligés non plus uniquement de l’utiliser mais de vivre avec et à travers, modifiant à la fois notre « milieu », mais également l’organisation humaine et notre société en général. « La Technique est milieu de vie non seulement par le fait qu’elle exclut le rapport direct avec les éléments naturels ou qu’elle modifie ceux qui subsistent (l’eau, l’air) ou que l’environnement de l’homme n’est plus fait que d’objets techniques, mais encore par le fait qu’elle intervient directement sur la vie de l’homme et lui demande des adaptations comparables à celles qu’avait exigées primitivement le milieu ».

J.ELLUL différenciait la science de la technique : « pour la Science : pour celle-ci il est important de chercher par exemple la date de la découverte scientifique elle-même, le contexte intellectuel dans lequel elle se situe, etc. Mais pour la technique, ce qui compte ce n’est ni l’invention elle-même ni l’application en laboratoire : c’est la diffusion, c’est l’application adressée à la grande consommation. »

Aujourd’hui il apparaît évident que la théorie de J.ELLUL s’applique parfaitement. Le numérique est en train de tisser de nouveaux liens dans ce système technique. J.ELLUL avait identifié « l’ordinateur » comme futur pièce maîtresse. Peu écouté en France, sa théorie a surtout été étudiée aux Etats-Unis. En reprenant ci-dessous plusieurs extraits de son œuvre, une passerelle sera proposée avec le concept de Singularité Technologique forgée dans les années 1960 et venu de l’Intelligence Artificielle. D’autres citations sont disponibles sur ce lien.

En effet, si J.ELLUL démontrait les nombreux risques du système Technicien, il gardait un espoir : que l’Homme arrive à garder une certaine distance, voire une maîtrise des techniques de ce système qu’il a créé au départ mais qui maintenant se développe sans but. Et il avait identifié le principal danger : que le système devienne clôt, bouclé sur lui-même en trouvant lui-même une finalité sans intervention de l’Homme, et en utilisant des nouvelles techniques lui permettant de se développer. Récemment Ray Kurzweil, un des pionniers de l’Intelligence Artificielle aux Etats-Unis, vient de fonder une Université pour former des ingénieurs au concept de la Singularité Technologique. Pour R.Kurweil, les Techniques vont d’ici quelques dizaines d’années fusionner (nano-bio-numérique), faire système intégré, et se répliquer. J.ELLUL l’avait prévu comme la possibilité « dangereuse et aliénante ».

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Le logiciel dévore le monde, quand les codes dominent les objets

Cet article Le logiciel dévore le monde … depuis les Etats-Unis complète et confirme les propos de précédents articles notamment : Google mobility service et Nos systèmes de transport et la révolution numérique, pourquoi cela va tout changer.

Google Mobility Service, article de Science Fiction, décrivait les services de mobilité que ferait Google en reprenant leur démarche et leur lecture du monde. Le logiciel possède une place centrale. L’autre article rappelle les risques à l’inaction vis-à-vis des codes numériques : "apprenez à programmer ou vous serez programmé".  

Il devient maintenant évident que la majorité des ruptures que l’on observe sont liées à ce basculement de la valeur vers les logiciels. Ceci est vrai dans tous les domaines : tourisme, transport, services urbains, banques, éducation, santé… Concevoir et produire en masse des objets sans avoir pris soin de les « enrober » voire même de les « tisser » avec plusieurs couches de logiciels devient risqué voire inutile. Le logiciel permettant d’offrir de nouveaux services et de nouvelles expériences, il doit être lié à l’objet de façon complexe, au sens d’Edgar Morin - complexus : ce qui est tissé ensemble, nous y reviendrons. Les quatre raisons identifiées par Nicolas Colin sont particulièrement importantes :

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Va-t-on suivre les 4 lois de la robotique pour les cybercars ?

La robotisation est déjà présente dans de nombreux objets roulants et volants mais la mise de robots dans "l'espace public" soulève directement son acceptabilité sociale et politique. Alors qu'un accident dû à une défaillance humaine est accepté malgré sa forte occurence actuelle, personne ne connaît les conséquences d'un accident dû à un robot dans l'espace public.

Pourtant plusieurs tendances sont déjà en cours, elles modifient nos rapports aux robots. L'automobile traditionnelle se robotise pour supprimer certains usages (parking aujourd'hui, roulage autoroutier demain). La génération Y est née avec de nombreux assistants numériques. Par ailleurs, plusieurs contraintes vont conduire des territoires à lancer les premiers déploiements.

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La Google Car va rouler en Californie. Tout va plus vite que prévu. Le point de basculement se rapproche.

"Google, et je ne dis pas cela négativement, ils voulaient tout maintenant". Cette phrase a été prononcée par M.Posner, lobbyist pour Google, dans la procédure de validation permettant à des véhicules sans chauffeur de rouler en Californie. Elle résume à elle seule la situation : Google veut opérer des véhicules robots dans l'état américain le plus puissant, rapidement.

Trois articles précédents ont été rédigés sur le sujet des voitures autonomes (Google car, prolongement de tous les services de mobilitéGoogle car bouleverse tous les modes de transports publics et privésle choc entre les industries automobiles et numériques). En résumé, l'introduction de robot roulant en usage réel peut avoir de grandes conséquences :

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